L'envers des mots

L'envers des mots

Le premier jet, pour quoi faire ?

Dans les conseils d’écriture, on parle souvent du premier jet. Mais qu’est-ce que c’est ? À quoi il sert ? Pourquoi ne corrige-t-on pas en même temps qu’on écrit ? Je vais essayer de répondre à ces questions dans ce nouvel article, destiné principalement aux débutants dans le monde de l’écriture. C’est parti !

Le premier jet, kézako ?

Le premier jet, comme son nom l’indique, c’est tout simplement la première fois que vous écrivez votre roman, qu’il s’agisse d’une nouvelle, d’une série ou d’un roman. Ce sont les premiers mots posés sur le papier ou le logiciel de traitement de texte. L’écriture du premier jet est sans doute celle dont on parle le plus (sur les sites de conseil ou les réseaux sociaux) car c’est à ce moment-là que votre histoire va naître. Même si la plupart des erreurs ou des failles commises pendant le premier jet sont rattrapables en correction, il pose tout de même la base du récit. Si tu t’es trompé de protagoniste principal, le changer nécessitera sans doute une réécriture complète. On ne parlera cependant plus de premier jet, parce que l’idée de base a déjà été développée une première fois.

À quoi sert le premier jet ?

Le premier jet, c’est le matériau brut, le diamant non poli si tu veux. Les idées sont là, le potentiel aussi, mais c’est souvent un texte qui n’a été ni relu ni retravaillé. Il ne peut être ni publié ni soumis à des éditeurs en l’état. Cependant, il est indispensable, car sans texte originel, impossible de travailler. C’est pour cela que de nombreux conseils invitent (à raison) à ne pas se focaliser sur le premier jet. Le but, c’est qu’il soit écrit. Peu importe les maladresses, les fautes d’orthographe, les incohérences. Tout cela, on s’en occupe après, pendant la correction. Tout ce qu’on veut, à ce stade, c’est avancer, et finir cette fichue histoire, pour avoir les idées qu’on a dans la tête couchées sur le papier. C’est par exemple pour cela que je conseille de ne pas se relire avant la fin du premier jet, mis à part quelques lignes pour se souvenir où on en était. Cela permet d’éviter la tentation de se corriger, même si c’est une simple faute d’orthographe c’est une perte de temps.

Pourquoi ne corrige-t-on pas en même temps que l’on écrit ?

Imagine que tu es en train d’écrire ton premier jet et qu’en te relisant tu voies une faute d’orthographe, une formulation maladroite ou une répétition. Voire même les trois. Tu les corriges, et ton œil saute à la faute suivante, jusqu’à ce que tu réalises que tu viens d’y passer une heure. Tu te dis que ce n’est pas grave, c’est du temps que tu passeras en moins à la correction. Et puis, la correction arrive, et tu supprimes le paragraphe que tu avais corrigé. Voire même le chapitre entier (ça arrive !). Eh bah, tu as perdu une heure de ton temps, pour rien. C’est pour cela que la correction se fait dans un sens précis, du plus grossier au plus fin, pour éviter de perdre du temps sur une phrase qui n’existera même plus.

L’autre raison, c’est que corriger un texte pas encore fini peut être très nocif pour le moral. On se rend compte que telle description n’est pas parlante, que ce dialogue n’est pas fluide… Et au final, on finit par trouver tout son texte nul, et on perd toute motivation pour continuer à l’écrire. Alors que si on ne se relit pas, on ne se rend compte de l’étendue du travail qu’une fois le texte écrit, et c’est le bon moment. D’ailleurs, je vais être très honnête : tous les premiers jets sont nuls. Certains sont plus propres que d’autres (les planificateurs ont tendance à produire des premiers jets plus structurés sur le fond que les improvisateurs), mais cela reste un texte qui n’a pas été retravaillé. Même les plus grands auteurs passent par une étape de correction (voire même plusieurs) et ce n’est pas pour rien.

Si je devais répondre à la question : le premier jet, pour quoi faire ? Je dirais simplement qu’il est là pour ancrer vos idées dans la réalité d’un texte. Rien de plus. On a tendance à accorder beaucoup d’importance au premier jet, surtout quand on est auteur débutant, parce qu’on a fini peu de textes. Pourtant, le travail le plus difficile est (selon moi) du côté de la correction. Profite de ton premier jet, prend du plaisir, amuse-toi ! C’est vraiment ce que je conseille. Et si un passage te semble nul, n’y prête pas attention, et continue à écrire. Le polissage, c’est pour plus tard.

Si tu as aimé cet article, n’hésite pas à le commenter et à le partager, cela lui donnera de la visibilité. Je reste aussi disponible ici ou sur les réseaux sociaux en cas de question !